Ce jeudi, le Stade rennais affrontait l’Étoile rouge de Belgrade. Deux supporters de l’Unvez Kelt ont fait le déplacement. Ils racontent "l’enfer" qu’ils ont vécu et l’incroyable dispositif déployé pour leur sécurité.
Joachim et J.C., membres de l’Unvez Kelt, groupe de supporters du Stade rennais, ont fait le déplacement à Belgrade pour assister au match opposant l’Étoile rouge de Belgrade à Rennes. Joints au téléphone, ces deux jeunes rennais racontent leur périple dans la capitale serbe où ils ont failli être lynchés.
"La police nous attendait à l’aéroport"
« Nous sommes partis de Paris jeudi matin et arrivés dans l’après-midi en Serbie. Tout le monde nous avait déconseillé de nous rendre à Belgrade. Surtout à deux. La police civile nous attendait à l’aéroport. Nous nous étions signalés comme supporters aux autorités serbes. Ces dernières ne voulaient pas revivre une nouvelle affaire Brice Taton (en 2009, ce supporter toulousain avait été lynché à mort par des supporters du Partizan de Belgrade, NDLR). »
« La police nous a donc escorté jusqu’à l’hôtel. Notre calvaire a commencé dans l’après-midi lorsque les autorités ont accepté de nous laisser nous promener dans la ville. Nous sommes allés nous recueillir là où Brice Taton est décédé.
Dans la ville, des groupes d’ultras serbes cherchaient des Français. Nous ne portions ni maillot, ni écharpe ou quoi que ce soit d’autre qui puissent rappeler notre nationalité. Pourtant, tout le monde savait que nous étions français au vu de notre physique et de notre faciès. »
« À trois heures du match, un groupe d’ultras nous a repéré. Ils nous ont pris en chasse. Nous avons couru comme des fous pour leur échapper. S’ils nous avaient rattrapé, nous aurions probablement été lynchés. »
"Nous nous sommes demandé si nous allions rentrer vivants"
« Pour se rendre au stade, la police est venue nous chercher à l’hôtel. Nous sommes montés dans une voiture encerclée de plusieurs fourgons de police. Les autorités serbes ont tout bloqué pour nous acheminer. Le plus grand rond-point de la capitale a même été coupé à la circulation le temps que nous passions !
Dans la voiture, nous avons réalisé que nous aurions risqué notre vie si nous avions été en taxi au match. Autour du stade, il y avait des dizaines de milliers de supporters serbes. Une ambiance pesante régnait autour de l’enceinte. Nous nous sommes même demandés si nous allions rentrer vivant à notre hôtel. »
"Une ambiance indescriptible"
« Dans le stade, nous avons été confinés dans une loge derrière des vitres. Tous les hauts gradés serbes étaient avec nous. Impossible de sortir de notre box. Devant la porte, une dizaine de militaires. Même pour aller aux toilettes, nous devions avoir une autorisation.
Nous avions l’impression d’être les personnes les plus importantes de Belgrade. »
« Dans le stade, il y avait une ambiance indescriptible. La pression a d’ailleurs tétanisé les joueurs rennais lors du premier quart d’heure. »
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À la fin du match, les policiers ont attendu que l’enceinte se vide pour nous faire sortir. Nous avons fait un crochet par l’hôtel des joueurs rennais. Ils sont tous venus nous saluer pour nous remercier de notre présence. Nous sommes ensuite rentrés dans notre chambre. Après la victoire rennaise, il était préférable de ne pas sortir en ville ce jeudi soir. »
http://www.stade-rennais-online.com/2595-Deux-supporters-rennais.html