Aux hésitants
Tu dis:
Les choses tournent mal pour nous.
Les ténèbres montent. Les forces diminuent.
Maintenant, après toutes ces années de travail,
Nous sommes dans une situation plus difficile qu’au début.
Et l’ennemi se dresse plus fort qu’autrefois
On dirait que ses forces ont grandi. Il a pris une apparence invincible.
Et nous avons commis des erreurs, nous ne pouvons plus le nier.
Nous sommes moins nombreux.
Nos mots sont en désordre. Une partie de nos paroles
L’ennemi les a tordues jusqu’à les rendre méconnaissables.
Qu’est-ce qui est donc faux dans ce que nous avons dit,
Une partie ou bien le tout?
Sur qui pouvons-nous compter? Sommes-nous des rescapés, rejetés
d’un fleuve plein de vie? Serons-nous dépassés
ne comprenant plus le monde et n’étant plus compris par lui?
Nous faut-il de la chance?
C’est ce que tu demandes. N’attends
pas d’autre réponse que la tienne.
Bertolt Brecht
22 Mars 2015 Sagnol - « Pas grand-chose à dire »