Napo, C'est interressant comme débat je trouve. Un moment de réflexion sur le monde de l'art!
Oui ptêtre qu'il s'agit d'une question de génération pour une part sans doute..
Mais lorsque tu parles de la mixité des interventions artistiques entrant dans la réalisation de film, justement c'est là où nous divergeons d'appréciation. Je pense plutôt que le pb est là, c'est en ca que je parle à contrario du cinéma d'arts "abstraits" en évoquant, peinture, littérature et Musique.. c'est cette addition de sphéres artistiques différentes qui créent ptêtre ce manque d'émotion profonde que je constate..Qui provoquent de fait des "filtres" entre la représentation ciné et le spectateur..il me semble. Ces dispositions n'existent pas dans les 3 autres expressions , plus directes, laissant justement place davantage à l'interprétation, à l'imaginaire du récepteur...je trouve que l'on est trop guidé,que le ciné s"adresse à tous et à personne en particulier. Quand j'écoute un morceau musical, que je lis un bouquin, pas tous bien évidemmment, ou m"attarde sur une toile je ressens ce rapport particulier, unique à l'oeuvre... Il y a sans doute aussi une question de durée du film? Ni trés long, ni trés court, donc pas suffisant pour entrer dans le sens profond de l'oeuvre, et trop long dans sa durée pour ressentir une émotion instatanée...
Et puis le ciné est un art de compositions, d'assemblages comme tu le reléve bien sûr, ainsi plutot édulcoré, passé à la moulinette d'intervenants qui ont des objectifs rarement semblables, au point que tu ne sache plus quel en est le créateur...contrairement aux autres expressions...
Mais tout cela mériterait un développement. Des affinements, de la relativité. C'est certain...
En même temps, c'est toi qui lance le débat avec cet aveu honteux
, mais possiblement intéressant en cherchant les causes.
Je comprends l'idée mais dans ce cas, évacuons les choses qui se rajoutent à l'ensemble et intéressons-nous à ce qui est propre au cinéma : le jeu d'acteurs (très différent du théâtre selon ces même acteurs) et la réalisation. Rien que ces deux choses devraient susciter une réponse affective non ?
Pour le premier, (des trucs connus...) prenons la tronche ahurie de Johnny Deep dans "Edward aux mains d'argent" ou Dustin Hoffman dans "Rain man", John hurt dans "Elephant man", Nicholson dans "Vol au dessus d'un nid de coucou", Kevin spacey dans "American beauty", même avec peu de subtilité, on est touché par le jeu et les personnages, y'a une humanité qui ressort, un truc qui se passe...
Pour la réalisation c'est encore plus vaste, rien que le travelling arrière à la toute fin dans "Taxi driver", cette mise en abime sublime, glaçante, rien que pour ça on a les poils qui se hérissent, non ? La caméra intrusive d'Hitchcock qui rentre et ressort par la fenêtre dans "fenêtres sur cour" idée géniale on se retrouve voyeur comme le personnage principal, les fondus enchainés de Coppola dans "Apocalypse now", la manière dont il filme le gros Brando
, la lumière naturelle dans "Barry Lyndon", l'ironie profonde, amère d"Orange mécanique" la virtuosité de Kurosawa, Bergman, Lang, Kubrick, Léone, Ford, tout ça ! Me dis pas qu'ils n'arrivent pas à t'émouvoir un peu ? Rien qu'avec des mouvements de caméras, des cadres...
On sent l'identité des ces réalisateurs tout autant qu'un auteur je trouve.
Par contre je peux comprendre l'usure de certaines recettes éculés, la musique et les violons qui démarrent pour bien te faire comprendre qu'il faut chialer, ce genre de choses, mais pour les très grands généralement ils nous servent pas cela ! C'est sur le coté composition du cinéma multiplie les risques de mauvais dosages, mais quand c'est bien fait ! Attention les yeux et on ressort, chamboulé, le coeur éreinté...
En tout cas, ça me le fait à moi, je prends peut-être mon cas pour une généralité
.
Et pour finir le coté "sans filtre" de la musique actuelle (conditions d'enregistrements, normalisation numérique) et de la littérature je demande à voir, le formatage est partout...
L'émotion qui l'on ressent avec un livre et tout aussi construite, artificielle, enfin je crois, dire que c'est plus direct, que le rapport est plus intime entre l'auteur, son oeuvre et le lecteur parait assez juste mais j'ai ressenti ça aussi chez moi en matant un bon film, j'arrive pas à différencier en fait, peu importe le support, l'art, soit le truc me touche ou pas...
"poutiniste" pierre le 18 Août, 2012